— Association de quartier —

Portrait Madame NightHawk

Bonjour « NightHawk ».
Si c’est bien là votre vrai nom ? J’avais une émission de jazz à Montréal, c’est là qu’ils m’ont baptisée NightHawk, j’y ai passé 10 ans. J’étais la 1ère femme à avoir une émission toute la nuit à la radio. J’ai rencontré pratiquement tous les grands musiciens, il est plus facile de dire qui je n’ai pas connu que le contraire.

Vous êtes nés où ? Je suis née à Toulouse, en 1934, rue Denis Papin et je suis partie d’abord en Angleterre – avec mon 1er mari – puis en 57 ou 58,  j’ai suivi mon 2ème mari aux États-Unis, à New-York, à Houston. Je suis restée 4 ans au Mexique puis je suis partie au Canada.

Vous êtes revenue quand en France ?
Je suis revenue en 78 et ma maman m’a trouvé un appartement impasse Saint-Aubin, c’est mon quartier, je l’aime beaucoup, c’est un de mes quartiers favoris à Toulouse. Je trouve qu’ici on se croirait à la campagne, alors qu’on est au centre-ville.

En France, vous avez toujours vécu dans le quartier ? Oui, j’ai été baptisée dans l’église, je suis d’abord allée à l’école privée catholique puis à l’école Michelet. Rue de la Colombette, il y avait tout, il y avait même un fourreur, on pouvait tout acheter, il y avait une droguerie qui s’appelait Canone, on y trouvait tout. Quand maman m’envoyait faire les courses, elle me donnait les tickets de rationnement et les commerçants étaient très sympas, c’était un peu comme la famille. Il y avait un maraîcher qui s’appelait Derboghossian, on l’appelait «Derbo», il nous donnait toujours un légume de plus.

Vous avez des souvenirs de la guerre ? C’était pas marrant du tout, on était entre la Poste et la Gare, tenues par les Allemands, et on se méfiait des bombardements. On était entre les deux, maman disait : « Si le bon dieu veut pas, on est foutu ». Un été j’ai passé 3 mois à la campagne, à cause des bombardements les écoles étaient fermées. Cette foutue guerre, j’en avais ras-le-bol, on n’avait pas de charbon, mon grand-père faisait des bûches avec des journaux.

Vous avez donc connu les grandes heures de la Commune libre de la colombette à la fin de la guerre ? Oh oui ! Les premières heures ! Avec ma maman, au Bar des 2 Ânes, aujourd’hui c’est le Café Populaire, c’était très sympa, c’est là que tout s’est passé.  La Foire de la Colombette (NDLR : la foire de la Colombette est un événement qui découle directement de la proclamation de la Commune libre), c’était les commerçants de la rue qui mettaient leurs restes de stock sur le trottoir.

Vous avez fait de la radio, c’est bien ça ? Oui, j’ai d’abord été à la Dépêche, j’ai travaillé pour Marie-Claire, puis je faisais de la radio à FR3 radio, avant que Radio France ne reprenne les stations, puis j’ai travaillé pour Sud Radio. J’animais une émission de jazz.

Est-ce qu’il y avait une scène jazz à Toulouse ? Ah oui ! Je couvrais de grands concerts qu’il y avait à la Halle aux Grains, il y avait des bars, il y avait du Jazz un peu partout à Toulouse. Ici, il y en avait au Café Populaire. Après il y avait aussi un dancing qui s’appelait La Plantation (NDLR : à l’emplacement du Mama Shelter), c’était très fréquenté par les étudiants mais ils ne jouaient pas de jazz. J’y allais à l’heure de l’apéro mais il fallait que je sois à la maison à 8 heures pile.

Qu’est ce qui ferait de ce quartier un quartier «jazz» ? Moi ! [Rires] Je ne sais pas, je trouve qu’il swingue pas mal. Il peut être lié au swing et au blues. C’est un quartier qui swingue, le marché est super sympa, les gens se parlent.

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