— Association de quartier —

Portrait Madame Lily

Bonjour Lily, pouvez-vous nous parler un peu de vous ? Je suis née en 1946, à Mondonville à 13 km, je suis une enfant d’après-guerre. J’ai toujours été ici, j’ai fait ma communion à St Aubin, et j’ai 73 ans, c’est vous dire si ça fait longtemps que je suis là.

Avez-vous toujours vécu dans le quartier ? Enfant, j’habitais avec mes parents, rue Gabriel Peri, puis j’ai habité 25 ans à l’endroit où ils ont fait la maison de retraite. Maintenant, j’habite rue de la Colombette. Quand j’étais enfant, je voulais pas aller à l’école mes parents construisaient leur maison, je voulais les aider financièrement, j’avais 13 ans. J’ai travaillé à la presse rue Gambetta puis, grâce à une amie, j’ai travaillé dans une boutique de prêt-à-porter de luxe rue d’Aubuisson. Un jour, le patron m’a conseillé de me lancer dans autre chose, il était gentil. Mes parents étaient pauvres, je voulais avoir un manteau, je lui avais demandé de retenir 5 francs par semaine sur ma paye, pour qu’il les mette de coté pour le manteau . Il l’a fait et quand je suis partie il y avait les 100 francs pour le manteau, il a compté l’argent et il m’a dit « je te les rends parce que depuis que tu travailles ici tu n’as jamais manqué une semaine pour me donner les sous » J’ai été contente, 100 francs, vous imaginez à l’époque ? Puis j’ai rencontré un gars qui voulait faire de la restauration, rue de la Colombette, là ou il y avait le primeur « Derbo » (NDLR  le restaurant « Vent d’Est » aujourd’hui). « La Panera », un restaurant espagnol, j’y suis restée 20 ans. Puis j’ai travaillé 12 ans au « Richelieu » en face du théâtre du Capitole. 3 services à midi, avant-théâtre, après-théâtre. J’ai pris la gérance du bar « Le Petit Nice » rue Gambetta pendant 10 ans. Le « Saint-Sylvain » ayant remplacé « La Panera », j’y ai fini ma carrière. J’étais fatigué avec les horaires fous de la restauration, je n’arrivais pas à récupérer.

Que pensez-vous du quartier aujourd’hui ? Les gens disent que le quartier change, ça n’a pas tellement changé. Il y avait moins de restaurants, il y avait un miroitier « Cadaillé » à la place de la librairie Floury, il y avait « Canonne » à la place du SPAR, il y avait la galerie Alsacienne tenue par les Kaufman, ils y vendaient des meubles chinois des lampes, c’était des gens charmants . Et puis il y avait le « Bar des 2 ânes » au départ, c’était un bar normal. Après il y a eut un bar, où dans toute l’arrière salle il jouaient au poker, (c’était pas très légal, je pense) puis le fils musicien a racheté, et tous les vendredis, il faisait un spectacle de travelos, c’était sympa comme tout ! Puis c’est devenu « Le Populaire ». C’était sympa les 2 ânes, c’était convivial, les vieux allaient jouer à la belote. Tous les commerçants disaient « Allez viens boire un café, on va aux 2 ânes ! C’était sympa. On faisait des repas et des soirées, c’était extraordinaire. Il y a des choses qui ne se font plus, ma sœur tenait un pressing, à son départ elle a fait un grand repas. On se rendait service, je trouve qu’on était plus solidaires. Ah je sors même la nuit, je vais au théâtre des fois, j’entends des remarques désagréables, tant pis c’est pas grave. Un soir, je gare ma voiture rue St Aubin, un gars était en train de faire pipi, il me dit « Il y a longtemps que t’en a pas vu hein » je lui réponds « des abrutis comme toi, c’est sûr, il y longtemps que je n’en avais pas vus! ». Oh oui, bien sûr ! Y a des trucs très sympa. Maintenant on a la brocante de St Sernin, le marché du dimanche. Moi, je suis bien ici, je connais tout le monde. Tous les matins, je déjeune, je fais ma toilette et je sors, je vais boire mon café.

Les autres elles te disent « On s’ennuie, on voit personnes. » Mais sort ! Parle !

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