— Association de quartier —

Portrait Sieur Vania

Ça se passe comment la vie d’un barman ? Alors c’est bien et pas bien, on est quand même souvent seul parce qu’on est en décalé. Mais moi, j’aime cette solitude, j’aime avoir mes moments à moi. Avant, je choisissais de ne pas dormir beaucoup parce que je sortais souvent, très souvent. Je sortais après mon service, on ferme à 2h la semaine, 4h le week-end parce qu’après c’est les bastons, ça dégénère. Maintenant, avec la vie de famille, tu te couches tard, tu te lèves tôt, c’est plus possible.

Tu as fait quoi avant ça ? Moi, je viens de Clermont-Ferrand. Après mes études je suis parti vivre à Londres puis à Paris, quartier Montparnasse, et j’ai suivi un pote Toulousain en 2001. Ici, j’ai d’abord bossé quelques mois à Hippopotamus – il fallait bien que je mange – puis j’ai bossé au Texas Café pendant un an. Après j’ai bossé cinq ans au Filochard, ma première vraie place dans un bar populaire. Culturel et populaire ! Ensuite j’ai monté le P’tit Bouchon rue de la Colombette, je l’ai transformé en cave à bière avec le Kraken Paradise.

Quand est-ce que tu as repris le P’tit London ? On a repris en 2013 avec deux associés, mais le P’tit London existe depuis une vingtaine d’années. Et avant ça, historiquement parlant, c’était déjà un bar dans les années 60. J’ai  connu ce bar dès que je suis arrivé à Toulouse en 2001. Je venais voir les concerts le samedi, tous les copains étaient là, c’était déjà un bar cool.

Du coup tu connaissais déjà St Aubin ? Ouais, Colombette, Saint-Aubin, Dupuy… C’était un quartier que je connaissais un petit peu, que j’aimais bien. Justement, ce côté architectural, il y a l’artère principale et des petites rues qui partent de chaque côté, comme à peu près dans n’importe quel village. On n’a plus l’impression d’être à Toulouse. On a l’impression d’être dans un petit village dans la ville. Parce que les commerçants se connaissent tous. Tout le monde se dit bonjour, les habitants, on se croise tous les jours. Donc on finit par discuter pour connaître leurs prénoms, se dire bonjour, s’entraider.

Et ça se passe comment dans le quartier quand on tient un bar rock? Trop de casseroles, parce que trop de tatoués, trop de barbus, on fait peur, on est gentils, on est corrects, mais on fait peur. Du coup, on a assaini toutes les relations avec le voisinage. Par exemple, on a une dame qui est au deuxième, qui est, je pense, la doyenne de l’immeuble. On a écouté ses problématiques et à partir de ce moment-là, on a fait énormément de démarches pour aller chez elle, voir le niveau sonore. Le régler ensemble. Elle est formidable, on se voit, on se dit bonjour, on se fait la bise. Elle vient boire un verre de temps en temps, il y a une vraie relation et elle a notre numéro.

Qu’est-ce que tu aimes dans la «culture bar» ? Ce qu’on fait ici, c’est  un brassage de gens complètement différents. le quartier est vachement en train d’évoluer. Mais ça draine encore une population complètement différente. On peut très bien avoir du punk avec son kilt, sa crête et ses docks, comme on peut avoir le petit couple Tinder qui vient de se rencontrer. On a des cadres, des avocats, il y a vraiment des gens de tous bords. On a essayé de recréer ce côté là, des rencontres faciles, tu peux passer un bon moment, discuter avec quelqu’un et puis soit le revoir, soit ne plus jamais le revoir. Il ne faut pas avoir peur de venir seul dans un troquet, parce que tu vas faire de belles rencontres. En fait, au final, ce que j’aime dans le bistrot, c’est ça, c’est l’accessibilité de tout le monde.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *