— Association de quartier —

Portrait Jeannot

[Jeannot nous montre la photo en médaillon] Vous avez été gendarme ? J’ai été garde champêtre pour la fête de la Colombette pendant une vingtaine d’années. Le président des commerçants de l’époque, Dero, m’a dit «Jeannot, il me faut un mec comme toi», il aimait mon dynamisme et ma joie de vivre, j’ai dit « avec plaisir ». L’historique de la foire, c’était que tous les commerçants donnaient du charbon pour les pauvres. Avant, il y avait même des montreurs d’ours qui venaient d’Ariège, des saltimbanques, et sûrement des charlatans, ça c’est sûr ! (il rit.) Je plaçais les stands, à l’époque la place était moins chère, mais la jeunesse avait les dents longues, j’étais strict sinon ils te bouffaient, mais c’était toujours bon enfant.

C’est Dero qui vous a fait entrer à la Mairie ? Il m’a fait entrer à la mairie en 78, j’ai été pendant un an au cimetière puis il y avait des places comme éboueur. Le Maire [Dominique Baudis] n’a pas compris mon choix, il voulait que j’aille au service des sports, mais c’était un panier de crabes. Je lui ai dit : « Éboueur, c’est bien, je me lève tôt le matin, qu’il pleuve, qu’il vente, ou qu’il neige, mais j’ai tous mes après-midi pour faire du sport !» En plus, le chef des poubelles était ravi, il y avait une équipe et je jouais au foot. L’été, je gardais 15 jours de vacances pour partir faire les vendanges en Bourgogne, par plaisir, le plaisir de connaître la terre. Et aussi, j’envoyais l’argent à une petite fille handicapée aux Seychelles.

Tu es allé aux Seychelles ?J’ai voyagé énormément, j’ai été à l’île Maurice, La Réunion, Madagascar. J’ai eu une vie très mouvementée, très colorée ! J’ai rencontré Paquita à Toulouse et j’ai décidé d’aller voir sa famille en Argentine, en stop, en bus, en train, je suis allé jusqu’au Chili. Je parle espagnol, je me débrouille en anglais, avec le patois seychellois et je connais le Polonais. Je suis allé au Mexique, au Guatemala, au Costa Rica, à Cuba, en Colombie – un très beau pays, c’est super – et enfin en Inde.

D’ailleurs, c’est un hasard cette ressemblance avec Gandhi ? Ça m’a beaucoup apporté, Gandhi, je le joue un peu quand je pars en voyage. Mais au départ, c’est un hasard, au boulot un pote me dit : « Tu sais que tu ressembles de plus en plus à Gandhi ?» En me regardant dans la glace, je me suis dit «effectivement». En 2013, j’ai rencontré une Indienne à Toulouse qui m’a proposé d’aller en Inde. Du coup, j’y suis allé et un jour dans la rue un gars me dit que je ressemble à Gandhi et veux me prendre en photo puis une femme vient me questionner. Le lendemain, les gens commencent à me prendre en photo dans la rue en m’appelant le Gandhi Français, deux Françaises me montrent le journal. La femme de la veille était une journaliste et avait fait un article sur moi ! Je suis retourné en Inde en 2015, 2017 et en 2019 j’ai même été confiné 8 jours. Ils ont découvert qui j’étais, et même l’ambassadeur est venu à l’hôtel prendre des photos.

Tu es arrivé dans le quartier en 76, tu as une anecdote à nous raconter ?Dans les années 80, à la place de l’hôtel en haut de la Colombette, il y avait une banque. Elle a été braquée [cf numéro 4 portrait de Lily], je connaissais le gars. C’était un très grand joueur de foot, à la fin de sa carrière, il a acheté un bar, des fois il me demandait de le tenir, mais tout le monde tapait dans la caisse et il n’avait plus d’argent pour payer les fournisseurs, ils sortaient souvent en boîte et des marlous l’ont incité à faire des braquages, ils ont d’abord braqué un PMU en plein centre-ville, déguisés en agents de l’EDF. Les flics l’ont finalement coincé à Bordeaux. Aux assises, tous les grands noms du foot étaient venus assister au procès, il a pris 14 ans de prison. Un jour avec la mairie on était allé faire un match à [la prison de] Muret, du coup je lui avais fait passer un tas de cartouches de cigarettes, je lui ai dit «il faut bien que tu croûtes aussi».

Vous avez eu une vie bien remplie ! J’ai été garde champêtre, éboueur, j’ai eu mille et une vies… C’était sympa. J’aime St Aubin et j’aimerais que les gens s’aident davantage, aimer, partager, respecter, être à l’écoute des gens et être disponible. Quand on m’appelle, je suis toujours disponible. Sauf l’hiver ! L’hiver, je m’en vais au soleil, mais le reste du temps, je suis à votre disposition.

Jhon M. & Sandrine D.

Jeannot en garde champêtre – foire de la colombette.

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